LE COMBAT SPIRITUEL - HELENE BOUVIER- "ENTRE LES MAINS DE DIEU"

La prodigieuse richesse de l'univers est telle qu'en dépit de toute notre science, nul ne peut se vanter d'en avoir fait le tour. Plus que jamais le mystère demeure, tout autour de nous. Ce que nous entrevoyons est le fruit d'une telle substance que nous sommes forcés, pour le comprendre, d'avoir recours au spirituel.

Malheureusement, le matérialisme actuel, celui que nous voyons partout à l'action, s'efforce de saper toutes les religions et toutes les philosophies. Il tire sa force de toutes les bassesses, de toutes les paresses et de toutes les facilités qui dorment au fond de notre âme. On peut l'appeler le matérialisme pratique, car son action, douée d'une puissance néfaste, s'infiltre dans les moeurs, les institutions, qu'elles soient sociales ou familiales, et nous frappe par le cynisme de ses manifestations. Il est une dépréciation et une négation de tout ce qui fait la valeur de l'homme. Il détruit ce qui soutient la vie, l'inspire et en fait la paix. Le matérialisme pratique est une réduction de toutes les choses humaines au seul élément corporel. C'est le règne des appétits matériels, de l'argent et de la brutalité. C'est la bête qui conduit l'homme. C'est le triomphe du mensonge et de l'hypocrisie, de l'apparence. C'est la justification des moyens par la fin.

Les jeunes veulent une totale liberté. Plus de morale ! C'est vieux jeu ! Ils ne se doutent pas qu'ils se donnent des chaînes bien plus solides que celle s de l'ancienne morale : ils deviennent les esclaves de leurs sens, esclavage d'un nouveau genre qui conduit bien souvent l'asservi consentant à la ruine morale. La force de leur volonté s'en trouve amoindrie et ils sont bientôt incapables de réagir. La peur et la lâcheté s'installent en eux.

Vous vous réfugiez derrière ce que vous nommez absusivement la "fatalité" ; vous répétez qu'il n'y a rien à faire parce que vous craignez surtout de fournir l'effort nécessaire. Le laisser -aller est la plaie de notre société. Depuis toujours cette "fatalité" a existé. Pourtant combien d'hommes et de femmes ne l'ont-ils pas conjurée par la seule vertu de leur énergie ! De toutes leurs forces physiques et psychiques, ils essaient de mieux vivre spirituellement.

La source de cet abandon général est à chercher dans l'affaissement intérieur auquel se ramènent toutes les abdications dues au matérialisme pratique. C'est au fond de nous que se trouve l'énergie morale ou la servitude.

Le laisser-aller est le pire des ennemis, car il fait de l'homme un éternel fuyard. Chaque jour de la vie terrestre est semblable à un champ de bataille, où il faut lutter pied à pied pour faire face aux difficultés et aux mesquineries de la vie quotidienne. Le combat de Jacob avec l'ange, celui de Saint Michel avec le dragon, la tentation du Christ en sont les plus clairs symboles.

C'est par cette résistance qu'un homme s'affirme.

Sa valeur se mesure à sa capacité à surmonter les épreuves et les difficultés quotidiennes. Nous devons sans cesse nous poser cette question : " Ne suis-je pas, moi aussi, atteint de laisser-aller?".

Réfléchissons calmement. Nous sentons que nous portons en nous-même des valeurs essentielles, inestimables, qu'une grande force psychique nous a été donnée. Cela ne signifie pas que nous devons nous prendre pour Dieu. Mais nous devons développer notre idéal de vie supérieure, ne pas mépriser autrui, et surtout ne pas le juger. Ceux qui ont connu des douleurs insupportables, qui ont subi des souffrances physiques et morales épouvantables, et qui ont réussi malgré tout à les surmonter ont progressé d'une manière extraordinaire grâce à ce combat spirituel qu'ils ont courageusement mené.

Dès que l'on s'engage sur la voie spirituelle, les épreuves et les obstacles s'accumulent. Mais les états supérieurs de l'être, qui ne sont pas une vide abstraction mais une réalité indéniable dont l'influence se fait sentir à tout moment, ne peuvent être atteints qu'à ce prix. La Purification de notre être consiste à éliminer les états inférieurs, à faire sortir, si l'on peut dire, les défauts latents et à détruire les conceptions erronées. Cette purification peut également s'opérer par des maladies, par le doute ou des suggestions démoralisantes.

Une angoisse terrible et un immense désespoir s'emparent alors de l'individu qui voit s'effondrer ses croyances, ses idées, ses espérances, et qui devient la proie de tentations multiples, dont la nature dépend de sa propre mentalité. Ce n'est qu'après un temps plus ou moins long suivant ses forces et sa résistance que la lumière spirituelle revient. Saint Jean de la Croix avait baptisé cette épreuve "la nuit obscure". Celui qui avance spirituellement doit parfois supporter l'abandon de tous les siens, l'absence de tout soutien, et la désertion apparente des forces spirituelles. Tout cela est destiné à vérifier notre degré de résistance aux attractions personnelles ou trop matérielles. C'est l'épreuve du FEU.

Qui n'a pas été éprouvé sait peu de chose. "l'Ecclésiastique, XXXIV- 10

Le véritable combat spirituel n'est pas seulement le vôtre : c'est pour le faible, le déshérité, l'athée, que vous devez le mener. Lorsque vous aurez compris la valeur de votre effort, IL FAUDRA LE FAIRE COMPRENDRE AUX AUTRES.

Il existe des êtres naturellement bons, bien qu'ils ne professent aucun religion particulière ; eux aussi nous apportent leur aide et répandent la bonne parole. Ce soutien ne vient pas toujours, hélas des milieux qui font profession d'honorer DIEU.

L'aide morale peut survenir d'une façon inattendue ; une parole est prononcée au moment crucial par un inconnu. Encore faut-il l'accepter, ne pas lui imposer la barrière de notre orgueil. Parmi la multitude des êtres qui nous entourent, il est des milliers et des milliers de personnes anonymes que l'on néglige et qui pourtant accomplissent chaque jour leur obscur devoir, avec une foi et une ardeur qui ne dépérissent pas, en vertu de leur certitude intérieure. Ces êtres sacrifiés sont une des plus grandes forces qui nous restent en ce monde. Eux aussi mènent le Combat Spirituel et il nous faut les y aider de toute la force de nos convictions. Ne vous troublez pas devant l'immensité de la tâche, aussi ingrate et aussi dure soit-elle, car aucun effort, aucune parole ne sont jamais perdus. Ce n'est pas une fois mais un million de fois qu'il faut faire appel à la volonté supérieure et à l'aide d'En-haut. "Aide toi et le Ciel t'aidera" n'est pas un vain mot. A tout heure, nous devons surmonter nos épreuves. Le principal est de ne pas les dramatiser.

Dans ce monde boulversé, vous avez le devoir de répandre votre croyance spirituelle, de donner la parole d'espoir. Vos actes ne changeront peut-être pas la vie présente, mais vous travaillerez pour l'Avenir.

Ne vivez pas machinalement. Mettez votre coeur dans chacun de vos gestes, même  les plus familiers. Mettez votre âme dans votre vie pour empêcher qu'elle ne soit une déchéance. Bien des jeunes commencent à s'intéresser aux questions spirituelles ; Ils reprendront le flambeau. Et lorsque vous vous sentirez fatigué, isolé, évitez de vous appesantir sur vos problèmes et songez plutôt à ceux des autres. Car c'est en vous oubliant que ovus sentirez l'approche de Dieu.